Dans le Sulcis Iglesiente, dans la partie sud-ouest de la Sardaigne, à Villamassargia, se trouve un jardin séculaire d'oliviers greffés par les habitants entre 1300 et 1600 appelé "S'Ortu Mannu", le grand potager. A l'intérieur du parc de plus de treize hectares, vivent plus de sept cents oliviers centenaires confiés aux soins des familles de la commune ; parmi eux se dresse l'un des plus anciens oliviers d'Europe appelé "Sa Reina": La Reine. Avec un tronc de plus de 16 mètres de circonférence, son feuillage vert et ses branches noueuses, « Sa Reina » défie le temps, les saisons et l'histoire. Mère, vaillante gardienne, défend le territoire et le peu qui reste de l'antique domaine sans bornes.

La Sardaigne est souvent un conte féminin, qui puise ses racines dans la Préhistoire pour arriver au seuil de notre époque avec un bagage inestimable de savoirs anciens. D'abord déesses, puis reines, puis artistes le voyage continue, les armes changent mais le principe de résilience reste inchangé, comme s'il était transmis génétiquement, même quand, l'œil attentif, se fixe au-delà de la mer sur le monde avec sa contemporanéité.

L'exposition Reinas rassemble et présente les œuvres de quatre des plus importants artistes sardes, trois générations comparées et un focus sur la production des années 70 à nos jours.
Il s'agit de quatre petites anthologies consacrées à Maria Lai, Zaza Calzia, Rosanna Rossi et Lalla Lussu interconnectées pour souligner les points de contact et la diversité des recherches. Le chemin est tracé par autant de mots-clés qui veulent suggérer le thème caractéristique des noyaux sélectionnés le long d'un récit qui est aussi découverte, surprise, réflexion, dans un temps qui s'écoule à des rythmes différents pour créer des expériences personnelles et partagées.

Voici donc l'aiguille de Maria Lai tirée d'un mur cousu pour « lier et connecter » ensemble les quatre thèmes de la Parole, du Rythme, de la Couleur et du Signe en tant que chapitres sélectionnés d'un seul livre. En nous immergeant dans la spiritualité de Lai, dans l'ironie ludique de Calzia, dans les couleurs ensoleillées de Lussu, dans la rigueur esthétique de Rossi, nous découvrirons des expériences de recherche insolites qui renvoient un territoire actualisé, loin des stéréotypes les plus courants, où un l'île n'est pas un isolement mais un espace de cohabitation dans lequel les références subtiles entre passé et présent sont plus claires, moins perturbées par les bruits blancs. Sur l'île les silences sentent l'éternel, c'est pourquoi il est plus facile d'écouter.

À travers quatre des artistes les plus connus du panorama sarde, il est prévu d'identifier un chemin commun qui rend la capacité de traiter des éléments particuliers de l'histoire, de la culture, de la nature du territoire sarde pour les restituer à la communauté élaborée dans le contemporain langues ayant l'extraordinaire capacité de franchir géographiquement les frontières « régionales » pour devenir un patrimoine collectif international.