Paratissima, par nature, est un lieu de rencontre et d'échange qui condense et mêle des artistes et des publics, multiples, porteurs d'une pluralité de regards, d'expériences, d'idées. Un événement accueillant, qui voit l'art comme une fête et un lieu ouvert à tous, inclusif. C'est sa richesse, son enjeu, mais surtout sa liberté.

Cette nouvelle édition est la dix-septième, qui vient après deux ans de pandémie, de révision du monde et de la vie, de transit vers un futur qui sera très différent du passé, même s'il est encore impénétrable et d'une écriture complète. Une époque historique, qui marque l'avant et l'après d'une communauté mondiale, qui a enfin compris qu'elle l'était. Le thème naturel est le débat et la discussion sur ce qui se passe, sur une existence à repenser et à construire ensemble, au niveau individuel et collectif. Un thème que nous traitons tous, dans les journaux, dans les films, quand on prend un café au bar, dans les dîners entre amis... C'est le thème parce que c'est la vie, toute entière, qui est impliquée et bouleversée. Et c'est à propos de tout le monde.

Ainsi, Paratissima ne se donne pas de thème pour cette édition, mais se transforme en un laboratoire qui prend la forme d'une grande salle d'écoute. Il écoute les artistes qui l'animent : ils donnent le thème, les thèmes. Eux, qui sont des avant-postes, des moustaches, des antennes. Les yeux s'ouvrent dans un espace où l'on n'utilise pas la vue mais la perception, celle dont les artistes ont le don. C'est le rôle social des artistes, qui sont des dieux

chamans, et ainsi ils doivent rester. Les actions poétiques et politiques sont les œuvres et les pratiques artistiques, qui fournissent des étincelles et des épiphanies sur des dimensions parallèles, sensibles même si invisibles, d'un cosmos commun pas toujours fait de matière tangible et rationnelle.