Je saute dans le vide. L'art au-delà de la matière est le troisième et dernier chapitre du projet d'exposition pluriannuel conçu par Lorenzo Giusti pour le GAMeC de Bergame, consacré à l'investigation de la matière dans l'art des XXe et XXIe siècles. 

Lancé en 2018 avec l'exposition Black Hole. Art et matérialité entre Informe et Invisible et se poursuit en 2021 avec Rien ne se perd. Art et matière en transformation, Le saut dans le vide clôt la Trilogie de la Matière en explorant le thème de la dématérialisation et en créant un récit transversal qui met en lumière les liens existant entre les investigations sur le vide - entreprises par les premiers mouvements de l'avant-garde historique et développé par les groupes expérimentaux du second après-guerre –, des recherches sur les flux datant des années de la première informatisation et l'utilisation de nouveaux langages et réalités simulées à l'ère post-numérique.

SAUTER DANS LE VIDE

L'exposition, organisée par Lorenzo Giusti et Domenico Quaranta, présente les œuvres de quelques grands protagonistes de l'histoire de l'art du XXe siècle et des pionniers de l'art numérique ainsi que des auteurs des générations les plus récentes, grâce à des prêts d'importantes institutions internationales et à des collections privées. 

Plus précisément, Leap into the Void tourne son regard vers ces artistes hommes et femmes qui, à des moments différents, ont investigué la dimension du vide, le niant en substance ou l'identifiant comme une simple dimension idéale, ou dont le travail s'est avéré capable de refléter les changements d'époque dans la perception de la dimension matérielle, introduits par l'émergence de paradigmes logiciels et d'informatisation, ainsi que par la révolution numérique et sa systématisation.

L'exposition est divisée en trois sections thématiques - Vide, Flux et Simulation - qui encadrent autant de façons de focaliser, de représenter et d'exprimer les principes de la dématérialisation, et se déploie dans un parcours expérientiel qui sollicite la perception du spectateur d'un point de vue visuel et corporelle.

VIDE

La première section est consacrée à la représentation du vide comme espace immatériel. Une dimension niée avec force, sans cesse niée et fondamentalement contredite par la matérialité même de l'œuvre d'art. Elle accueille une série d'œuvres d'artistes qui, à des époques différentes, ont travaillé, notamment en peinture, à travers les principes de l'extrême réduction, du minimum de contraste et de l'imperceptible, décrivant le vide comme une dimension imaginaire, idéale ou conceptuelle. 

Se distinguant par la présence dominante du blanc, dans les premières salles le parcours de l'exposition serpente entre les protubérances d'Agostino Bonalumi et d'Enrico Castellani, les feuilles de plastique transparentes perforées à intervalles réguliers par Dadamaino, les compositions minimalistes de Jean Degottex et Aiko Miyawaki jusqu'aux expérimentations avec lumière et espace par Ann Veronica Janssens. 

Les œuvres d'artistes masculins et féminins du début et de la fin du XXe siècle sont mises en dialogue avec des œuvres récentes de certains des protagonistes les plus importants de l'art international de ces dernières années.