Le fragment fait partie d'un relief narratif et représente trois ascètes brahmaniques à l'abri d'une hutte de jonc au-dessus de laquelle on voit la tête enturbannée d'un quatrième personnage, probablement une divinité. Les brahmanes, dont le statut était acquis à la naissance grâce au système des castes, constituaient le groupe dominant de la société védique indienne et étaient indispensables à la célébration des sacrifices aux dieux. Le vieil ascète, les cheveux réunis en chignon, est assis sur une natte devant le feu et appuyé sur un long bâton. Il tourne son regard vers le Bouddha qui se trouvait dans la partie maintenant manquante du relief. Les deux personnages debout sont de jeunes brahmanes novices suivant leur maître. Au cours de sa vie, le Bouddha avait converti plusieurs brahmanes, bien qu'il ait d'abord suivi leurs enseignements avant de se déclarer opposé aux dures privations que subissaient les ascètes, les jugeant inutiles à l'acquisition de la connaissance.

Le moine, avec sa robe monastique ocre et son crâne rasé, a le visage tourné vers la gauche, là où le Bouddha, à qui la figure s'adressait, était censé se trouver à l'origine. L'oeuvre conserve encore des traces de polychromie sur la robe et dans diverses parties du visage. Le personnage, qui pour la vivacité du rendu se classe parmi les stucs les plus réussis, faisait à l'origine partie d'une scène plus vaste qui décorait une chapelle ou un stūpa, principal monument du culte bouddhiste.

La fausse étagère figurée ornait à l'origine la base de la partie hémisphérique d'un stūpa, principal monument du culte bouddhique, qui provient probablement du tertre funéraire et pouvait abriter les reliques du Bouddha ou de ses éminents disciples. Le personnage représenté est un roi des serpents, reconnaissable au reptile présent derrière son cou. Dans sa main gauche il tient un pan de son châle tandis que dans la droite manquante il devait tenir une offrande (des fleurs ?) adressée au Bouddha dont le stūpa est un symbole. La figure royale est richement parée de bijoux et coiffée d'un turban et est également soutenue par un génie à mi-corps dont le visage s'inspire de l'iconographie du Silène classique. Les rois des serpents (nagaraja) étaient des êtres semi-divins particulièrement vénérés au niveau populaire et accueillis par le bouddhisme qui les dépeint comme des dévots du maître.

Le fragment, qui décorait à l'origine le tambu

Caractéristique de l'art du Gandhara est la représentation sous forme humaine du Bouddha, "l'Illuminé". Lui, vêtu de la robe monastique, est représenté debout en faisant le geste de "rassurer" avec la paume de sa main droite manquante tournée vers le spectateur et la gauche tenant un rabat. Le halo derrière sa tête, presque complètement perdu, est un signe du rayonnement lumineux du Bouddha. Le personnage est clairement identifiable grâce à la présence de deux des trente-deux principaux signes physiques que le Bouddha présentait à sa naissance et qui indiquaient sa nature comme prédestinée à devenir un "Eveillé" : le "cercle" au centre du front et la protubérance (représentée en chignon), au sommet de la tête. Les lobes allongés font allusion aux lourdes boucles d'oreilles en pierres précieuses que le prince Siddhartha portait avant de quitter le palais de son père. La sérénité du regard exprime le concept de l'imperturbabilité de l'"Eveillé" (c'est le sens du terme Bouddha) aujourd'hui éteint au Nirvana après avoir atteint la connaissance suprême. La statue, dorée à l'origine, était probablement placée à l'intérieur d'une chapelle de culte dans une zone sacrée bouddhiste. Sur la base sont également bien reconnaissables quatre moines en adoration du bol d'aumône du Bouddha conservé comme reliques du maître sous un dais.

L'œuvre conserve diverses traces de couleur, et est clairement identifiable à une tête de bouddha grâce à la présence du cercle entre les sourcils, l'un des trente-deux principaux signes qui la caractérisent depuis sa naissance. Le regard absorbé et l'expression détendue de la bouche dans un léger sourire soulignent l'état de paix intérieure et de détachement total atteint par le Bouddha dans le nirvāņa, un événement qui provoque l'extinction complète de l'avidité et de l'illusion (ignorance).