De décembre 2024 à mars 2025, les salles d'exposition de la Villa Pisani à Stra (VE) accueilleront pour la première fois une rétrospective du photographe péruge Giorgio Cutini.

L'exposition se veut avant tout un moment de bilan pour l'auteur, qui a été l'un des signataires du Manifeste "Passaggio di frontiera" aux côtés, entre autres, d'Enzo Carli, Gianni Berengo Gardin, Mario Giacomelli. Partisan d'une photographie de rupture, en opposition à la photoreportage et à la proposition néoréaliste, Cutini viole toute contrainte esthétique et technique-opérative pour ouvrir le médium photographique à des possibilités expressives et fondatrices surprenantes. La sienne est une recherche de nouvelles possibilités de vision, bien au-delà de cette imitation photographique du réel que l'artiste tend à interpréter comme une exhibition de l'absence des choses.

Conçue comme un parcours d'introspection artistique et humaine absolument personnelle, Cutini. Canto delle stagioni est également un voyage universel du regard à travers les âges de l'homme.

La première section, Inquiétude, raconte l'état d'excitation, d'émerveillement et de malaise propre à un moment de découverte de la vie et de la réalité. L'excès de la nature et des choses asservit l'artiste et en même temps échappe à sa tentative de contrôle. Les conditions sont réunies pour la découverte de possibilités expressives au-delà des certitudes de la technique et de la duplication du réel.

La solitude est le thème de la deuxième section. La maturité exige un moment d'arrêt, un face à face avec ce qui est au-delà. Et c'est seulement dans la solitude, dans l'option d'une relation personnelle et individuelle que tout cela est possible. La série Egl’io, dans laquelle Cutini interroge l'archétype de l'arbre et en même temps se questionne lui-même, amène le spectateur dans une nouvelle situation, préparant au Silence, thème dominant de la troisième section d'exposition.

L'artiste retrouve ici la source de sa photographie et tend de plus en plus résolument vers le noir et blanc absolus. L'image du père perdu dans sa tendre enfance est l'occasion de réfléchir sur l'absence irréductible dont vit la photographie. La vertige du silence est donc exploré par Cutini dans les espaces surhumains d'une Apennin devenu métaphore d'un état de l'âme, prêt à se confronter à un silence potentiellement définitif.