Le musée d'art contemporain Madre, Donnaregina de Naples présente une exposition personnelle de Diego Marcon, organisée par Eva Fabbris et Andrea Viliani et consacrée au film The Parents 'Room (2021), dont la première a eu lieu en juillet à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes. L'œuvre fera partie de la collection permanente du musée Madre.

La chambre des parents est un récit tragique ambigu. L'œuvre suit l'histoire d'un homme, assis au bord d'un lit défait, qui chante les meurtres de sa femme et de ses deux enfants, puis son propre suicide. La scène est calme ; la neige tombe lentement devant la fenêtre ouverte et le pépiement d'un merle accompagne mélodiquement l'histoire. La juxtaposition de l'environnement domestique, la déformation subtile des personnages et la mise en œuvre de leur destin tordu suscite confusion et répulsion. Certains éléments du film sont réalisés en CGI, les acteurs portent des masques prothétiques : ce sont des détails qui rendent la scène dérangeante. En particulier, les masques, caractérisés par de subtiles exagérations hyperréalistes, comme dans un dessin animé, donnent aux personnages une allure de marionnette, rendant leurs mouvements similaires à l'animation en stop-motion et déclenchant une nouvelle altération de la réalité, caractéristique du travail de Marcon. .

L'événement évoqué dans La Chambre des parents est donc bien une mise en scène, dont l'élément le moins ambigu est le réalisme du décor. Dans l'installation conçue par l'artiste pour la présentation au Madre, la chambre ordinaire dans laquelle se déroule la scène se déploie subtilement dans une continuité architecturale entre l'intérieur domestique du film et les salles du musée, créant une allusion troublante à la possibilité que le public est dans le même espace, ou dans un espace similaire à celui des personnages de la pièce. Cet élément d'implication est encore renforcé par la structure du film en boucle, qui alterne la vivacité du récit avec une phase d'immobilité presque sculpturale et un silence prolongé : dans la succession ambiguë de ces deux moments, le mystère de ce qui arrivé à la famille protagoniste de ce travail n'est jamais résolu.