La naissance de l'art a beaucoup à voir avec l'image spéculaire du mur. Des grottes préhistoriques à la longue histoire de la fresque, qui du Moyen Âge arrive jusqu'au mural contemporain, les murs ont toujours parlé et parlent toujours de notre histoire et aident à élargir la vision la rendant en quelque sorte plus complète. Un ensemble extraordinaire de surfaces comme des présides de mémoire dispersés dans toutes les villes, dans les églises, dans les palais, sur les monuments, qui font partie de l'histoire et qui rendent les murs porteurs de significations profondes et diverses.

Dans le cadre de l'objectif institutionnel de la fondation visant à prendre soin de la relation avec le patrimoine historique en tant qu'acte de culture contemporaine, les murs du lieu d'exposition actuel de la fondation, datant du XVIIe siècle, ont été utilisés comme point de départ pour le développement du projet d'exposition intitulé SUPERFICI CON: . En effet, si l'art contemporain a fait exploser sa propre définition en insistant sur le fait qu'il dépend du contexte, cet aspect a été utilisé comme matière première pour cette exposition qui vise à mettre en relation l'univers sémiotique et historique présent sur les surfaces murales du pavillon d'exposition de la fondation (fresques, blasons, pétroglyphes, inscriptions, fissures, archigraphies), en relation avec l'univers créatif de certains artistes, qui, par rapport à l'œuvre, ont engagé un dialogue avec les surfaces murales, comprises à la fois comme surfaces accueillant l'image, comme dispositifs osmotiques pour la vision, et enfin comme membranes activant l'échange entre l'œuvre, l'artiste et le spectateur.

En mélangeant peinture, photographie et installation, l'exposition, qui ne se déroule pas "dans un lieu" mais "avec un lieu", part donc de la mémoire des signes présents dans le lieu d'exposition de la fondation pour montrer certaines œuvres d'art contemporain qui, en sensibilisant les surfaces de l'environnement, mettent en évidence la relation fondamentale entre le langage, la représentation visuelle et l'espace construit, invitant les spectateurs à porter leur attention également sur un aspect caché de la fréquentation des espaces d'exposition, à savoir les murs de l'espace d'exposition où se cachent des signes ou des textes sans prétention, qui, s'ils représentaient autrefois un exutoire ou une trace, conquièrent aujourd'hui une autorité, devenant des éléments du patrimoine.

Dans ce contexte, les murs et les parois du pavillon d'exposition SoutHeritage, en tant que témoignages dégradés par le temps et l'histoire, deviennent le cadre idéal d'un projet où le territoire et l'architecture ne sont plus simplement des localités géographiques et un contexte d'exposition, mais deviennent eux-mêmes un médium. Dans cette optique, l'exposition place au centre de l'expérience culturelle non seulement des œuvres d'art contemporain qui transforment les volumes de l'architecture historique en espaces sensibles et en conteneurs d'expériences collectives, mais aussi la valeur symbolique de ceux-ci, dans un aménagement qui déplace l'expérience culturelle vers une combinaison de langages entre les arts visuels contemporains et la muséographie.

En déplaçant les projecteurs des signes présents sur les murs de l'espace d'exposition à un groupe de pratiques artistiques (les recherches des artistes : Pierre Ardouvin, Stanley Brouwn, Andrea Francolino, Andrea Fraser, That’s Painting Production, David Tremlett, Ger van Elk), l'exposition redistribue non seulement le pouvoir à tous les artistes participants, mais génère également une interrogation critique sur son format car le public est invité à se référer également aux surfaces de l'espace d'exposition dans son ensemble. Dans ce contexte, l'exposition est conçue et articulée de manière à ce que chaque surface du lieu - des murs au plafond, jusqu'au sol - fasse partie intégrante du discours visuel dans lequel l'architecture ne sert pas seulement de toile de fond, mais dialogue activement avec les œuvres en révélant des connexions entre le contenu et le contenant, entre l'art et l'espace, suggérant ainsi une lecture plus profonde et stratifiée de l'expérience visuelle.