La dame représentée par Raphaël est très probablement Giovanna Feltria della Rovere, fille de Federico da Montefeltro et mère de Francesco Maria I della Rovere, duc d'Urbino de 1508 à 1538, également connu comme le protecteur de Raphaël. Cette dame énigmatique doit probablement le surnom de Muta à ses lèvres parfaitement scellées. Le décor de la figure de trois quarts, avec sa sortie progressive de l'ombre, est une représentation typique de Léonard de Vinci, également utilisée par Raphaël dans les portraits féminins de la même période. Ce choix permet de rendre le personnage plus expressif et de mieux décrire les détails du vêtement. Dans les portraits de Raphaël, le vêtement revêt une grande importance et indique à la fois le rôle social de la personne représentée et l'idéalisation de la pose. La femme du portrait porte la « gamurra », l'habit typique du début du XVIe siècle. Des investigations diagnostiques effectuées sur le panneau peint à l'huile, il ressort que sous l'image actuelle il existe une autre version du tableau. Probablement Raphaël a peint le même sujet en deux phases différentes. La première ébauche remonte à la période de la jeunesse, lorsque la femme est représentée avec des formes plus douces, avec des cheveux ondulés et un décolleté plus large. La figure désormais visible, en revanche, montre des signes d'austérité au niveau du visage, les cheveux froncés, une position légèrement différente des épaules et n'a plus le décolleté. Le changement par rapport à la première version est probablement dû au fait que Giovanna était veuve de Giovanni della Rovere en 1501. Notez la couleur verte dominante de sa robe ainsi que le détail du mouchoir que la femme tient dans sa main gauche, tous deux de qui sont « symbole de deuil et de veuvage ».