L'œuvre est une réplique ancienne de la peinture similaire de Guercino aujourd'hui conservée en Angleterre à Corsham Court. La toile, d'excellente qualité, traite d'un sujet dévotionnel assez répandu dans le climat de la Contre-Réforme tardive visant à solliciter la méditation sur le thème de la passion purgée des excès du pathétique. Le côté culturel est celui classiciste de l'école bolognaise de la seconde moitié du siècle.

Dans la peinture de Jesi, la concentration des éléments de composition est soutenue par l'utilisation fortement contrastée des éléments lumineux, aujourd'hui non pleinement révélés, qui rehaussent l'éclat de la chair très blanche de l'enfant émergeant d'un fond sombre et dramatique. Tandis que la lumière du premier plan coupe transversalement la figure principale par le haut, une lumière aurorale frappe le paysage d'arrière-plan et définit les contours de la ville à tourelles surplombant une étendue d'eau qui réverbère sa lueur rougeâtre.

A gauche du tableau, une représentation insolite du globe terrestre éclaire l'hypothèse théologique de l'image, visant à suggérer l'effet régénérant des deux actions sacramentelles de la Passion, auxquelles la croix et les clous font allusion, et du Baptême éclipsé par le cours de la rivière en arrière-plan.

L'Enfant, à l'expression intense et méditative, apparaît triomphant dans l'exhibition des instruments de la Passion et adoucit leur impact émotionnel avec une physicalité candide et dodue.