Le portrait, à l'air vif et désinvolte, se caractérise par un cliché qui capture l'élégante jeune femme (peut-être identifiable à une comédienne de la Comédie Française, Marie Jeanne Bellon, dite Miss Bell) de haut en bas : la composition est rééquilibrée par le mouvement en spirale des vêtements bruissants, qui, avec les coups rapides et synthétiques du pinceau, donne de la légèreté et de l'élan à l'ensemble. Le contraste entre la couleur noire du nœud et de la chevelure, la blancheur lumineuse du décolleté, le rouge irisé de la robe contribue à donner au tableau, encore aujourd'hui, un impact émotionnel très fort, au point de le rendre, spontanément , l'image emblématique des Collections Frugone. L'œuvre, signée et datée de 1903, a été achetée par Luigi Frugone en 1926, par le marchand Ferruccio Stefani. Dans une lettre, le collectionneur ne cache pas son enthousiasme pour la possession du tableau, pour lequel il utilise l'adjectif "insurpassable". Le tableau était en fait destiné à la marquise Matilde Giustiniani Pallavicini Durazzo de Gênes, qui souhaitait constituer une collection d'art moderne. Mais Stefani n'a pas renoncé à le proposer à Luigi, en raison de la relation amicale et privilégiée qu'elle avait établie avec l'industriel, et le lui a vendu pour 130 000 lires. En 1932, à la XVIIIe Biennale de Venise, à l'occasion de la rétrospective consacrée à Giovanni Boldini, Miss Bell est exposée avec l'indication explicite de la propriété de Luigi.